Revu & Corrigé est la revue de presse autour du numérique pour décrypter les enjeux d’un numérique et d’un marketing digital plus responsable. A travers elle, je reviens tous les 15 jours sur la manière de mieux comprendre le numérique.
Chaque article sélectionné dans Revu & Corrigé fait l’objet d’une revue critique. Les thématiques principales abordées sont : l’empreinte environnementale du numérique, les enjeux sociaux, sociétaux et économiques du numérique.
Ci-dessous, découvrez quelques extraits des analyses réalisées parmi les 25 exemplaires de Revu & Corrigé publiés depuis début 2023.
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Uber Green, le leurre (via Vert, le média qui annonce la couleur)
— Revu & Corrigé n°5 — Janvier 2023
A retenir en particulier de l’article de Vert le média :
- Le coût social de la transition compte tenu des faibles aides proposées par Uber à ses chauffeurs pour les aider à acquérir des véhicules électriques ;
- Le coût environnemental de cette transition avec des incitations aux changements pour des nouveaux véhicules alors que l’âge moyen des VTC est ridiculement petit.
—> https://vert.eco/articles/uber-green-est-il-vraiment-ecolo
Ni banques, ni néobanques
— Revu & Corrigé n°6 — Février 2023
Ça pique un peu pour les néobanques « écolos » qui sont toutes des banques exclusivement en ligne. Elles sont décryptées par Kaizen magazine (article de Juillet 2022).
Bilan : de bonnes intentions, de belles avancées, de beaux coups de pieds dans le secteur bancaire traditionnel, mais un manque de transparence sur leur fonctionnement. N’est pas banque qui veut bien se porter volontaire : leur lien avec le secteur traditionnel est indispensable à leur existence.
Je soutiens ces innovations qui font bouger les lignes mais le devoir de transparence est indispensable (#MarketingResponsable).
—> https://kaizen-magazine.com/article/enquete-qui-sont-les-neobanques-vertes/
45% de femmes dans la Tech ? Les 4R de McKinsey
— Revu & Corrigé n°8 — Février 2023
La newsletter Womenintech est revenu récemment sur une étude de McKinsey publiée en Janvier 2023. Elle en décortique les principaux points et revient notamment sur cette « méthode » que propose McKinsey pour réussir à aller vers la parité dans les métiers de la Tech : Reframe – changer le cadre de travail, Retain – trouver des moyens de fidéliser les femmes, Redeploy – attribuer aussi aux femmes les postes qui comptent, RampUp – lutter contre l’abandon des étudiantes. Plus de détails et d’analyse à retrouver sur leur média en ligne.
—> https://www.digitaltruelife.com/femmes-womenintech-mckinsey-tech
Affluence d’influence, certificat gloubi-boulga & les 30 qui comptent
— Revu & Corrigé n°10 — Mars 2023
Les réseaux sociaux et les influenceurs sont toujours plus sous les feux des projecteurs. Côté réjouissant, je vous recommande de vous intéresser à la liste que vient de publier Usbek & Rica sur les 30 activistes écologistes de moins de 30 ans à suivre. Côté inquiétant, rien que la semaine dernière :
- La polémique a enflé autour de TikTok et la protection des données personnelles.
- Le media Novethic est revenu sur le choix de Lush, qui, en 2021, avait décidé de quitter les réseaux sociaux – 48 pays, 12 M d’abonnés – pour préserver la santé mentale de sa communauté.
- Les députés français se sont saisis du sujet de l’âge minimum légal pour pouvoir accéder aux réseaux sociaux. A l’instar de la majorité sexuelle, la majorité numérique est désormais fixée à 15 ans. L’enjeu est bien sûr de préserver les plus jeunes des dérives des réseaux sociaux.
- La nécessité de responsabiliser les influenceurs a encore été relevée. C’est le sens d’un article du Monde – abonnés – au sujet de la loi Evin. Au delà du manque de responsabilité et de la complaisance des influenceurs, les marques d’alcool usent de stratégies de contournement pour favoriser les prises de parole d’influenceurs en leur faveur.
Pour contribuer à plus de transparence et d’éthique sur les réseaux sociaux, l’ARPP a créé, il y a un an et demi, le Certificat de l’Influence Responsable. Néanmoins, sur 150 000 influenceurs en France, seulement 462 – février 2023 – ont passé le certificat et l’article d’Usbek et Rica pointe un « grand gloubi-boulga ».
Élevage en batterie : l’or blanc fléchit
— Revu & Corrigé n°13 — Mars 2023
Surprenant, voire alertant, mais le prix de l’or blanc, le lithium est bel et bien en baisse. Tentons une approche simple de cette histoire :
- Début 2021 : le prix de la tonne de lithium s’établit à environ 8 000€ la tonne ;
- La demande et les prévisions de demande sont importantes ;
- Fin 2022 : le prix du lithium atteint un premier pic à 80 000 € la tonne ;
- Le nombre d’entreprises intéressées par les exploitations de lithium augmente et des mines se développent hors de Chine, les fournisseurs de batterie cherchent à gagner des parts de marché, la demande en véhicules électriques est moins intense en ce moment ;
- 2023 : Le prix baisse. De 80 000 € / tonne, on passe à 50 000 €. Et certains fournisseurs de batterie, n’hésite pas à aller plus loin et garantir des prix fixes plus bas sur la tonne de lithium pendant plusieurs années pour capter le marché.
Alors que pourtant les ressources de la Terre s’épuisent, les prix ne vont toujours pas sur une tendance à l’augmentation face à cette rareté. D’ailleurs, cette tendance pour le lithium est également vraie pour le cobalt. Une augmentation continuelle du prix du lithium serait pourtant un moyen de matérialiser le danger qu’il y a extraire autant de matière et autant d’arguments pour repenser réellement les modèles de déplacements basés sur la voiture individuelle (et bien sûr notre consommation d’équipements numériques, notamment les smartphones remplacés tous les 2,5 ans).
—> https://siecledigital.fr/2023/03/21/pourquoi-le-prix-du-lithium-est-en-baisse-depuis-janvier-2023/
Des ressources pour une communication plus responsable
— Revu & Corrigé n°14 — Avril 2023
Réalisée par Géraldine Moine (Graphilience) & Amandine Masson, toutes deux dans les métiers du graphisme, cette superbe page Notion.so regroupe « une sélection de ressources pour vous sensibiliser ou approfondir vos compétences en communication et marketing responsables. » : sites internet, événements, personnalités à suivre, collectifs, médias, outils, guides & études, etc.
Leur conviction : faire évoluer nos pratiques, pour communiquer de façon plus éthique, véridique, respectueuse et consciente de l’impact sur la planète et notre société. Leur cible : les communicantes et communicants, les équipes dirigeantes d’entreprises, et plus globalement les personnes en prise avec les questions de communication.
Petite publicité au passage, j’interviendrai au Congrès de la communication responsable, le 16 juin prochain à Paris au nom du Collectif Pour un Marketing Digital Plus Responsable, que je co-pilote avec Marie Bastide depuis 2021. Je reviendrai un peu plus tard dans cette newsletter sur les travaux qui nous animent depuis 1 an et demi.
Allez HOP, on répare
— Revu & Corrigé n°18 — mai 2023
HOP // Halte à l’Obsolescence Programmée revient sur une décision annoncée le 20 avril par la Secrétaire d’Etat à l’écologie, Bérangère Couillard : le doublement des bonus réparation à partir du 1er juillet. HOP y voit là une décision salutaire.
Le bonus réparation doit démocratiser la réparation d’équipements. Pour en bénéficier pour faire réparer votre ordinateur ou votre smartphone par exemple, vous devez vous adresser à un réparateur labellisé QualiRépar. Une plateforme gérée par l’éco-organisme ecosystem vous permet de repérer le professionnel qualifié le plus proche de chez vous. Si côté pratique, tout était donc déjà en place, HOP estimait néanmoins que jusque-là le bonus n’était pas assez incitatif pour développer la réparation versus le remplacement par l’achat d’un nouvel équipement.
A titre d’exemple, avec la décision du gouvernement, le bonus va passer de 45€ à 90€ pour les ordinateurs portables. Une très bonne nouvelle donc pour limiter le remplacement des équipements numériques.
—> https://www.halteobsolescence.org/hop-plaide-pour-un-bonus-reparation-incitatif
Le Shift Project, tout feu, tout numérique
— Revu & Corrigé n°22 — mai 2023
Le Shift Project continue de prendre les choses en main côté numérique ! Après avoir contribué au Haut Comité au Numérique Ecoresponsable – HCNE – pendant 6 mois, le Shift livre sa note d’analyse : un résumé des positions exprimées et sa proposition pour sortir d’une vision simplement technique du sujet pour embrasser une vision plus systémique. Ce que je rejoins évidemment.
Pour caricaturer – ce n’est pas ce qu’écrit le Shift -, ce n’est pas juste en réduisant le nombre d’ordinateurs et smartphones dans les entreprises, en diminuant la consommation énergétique du système d’information ou encore en écoconcevant des logiciels qu’on va changer la donne ! ça, c’est une vision technique.
Le Shift l’écrit, il convient de travailler plus largement sur les modèles d’affaires pour engager une réelle transition. A travers sa note d’analyse, le Shift détaille les moyens de mettre en place une véritable planification de la décarbonation du système numérique. C’est un cahier des charges dans l’optique de créer, pour le numérique, une trajectoire de décarbonation : ambitieuse, cohérente, sérieuse et entraînant une transformation structurelle pour revisiter notre rapport au numérique.
De manière concrète, le Shift écrit que le numérique doit dépasser “la simple optimisation et intégrer les dynamiques d’usages, leurs effets rebonds et une distinction claire entre les numérisations résilientes et celles qui ne le sont pas”, p11.
Tout est dit, la clé est là : numérisation résiliente vs. numérisation qui ne l’est pas. Le chemin sera long mais c’est bien en questionnant ce que nous voulons numériser et en questionnant la systématique perception du “progrès technique” comme quelque chose de positif pour nos sociétés que nous trouverons le chemin vers un numérique plus soutenable, plus sobre, plus résilient.
Flink, Deliveroo, tous les mêmes : courage, fuyons !
— Revu & Corrigé n°23 — juin 2023
Flink est en redressement judiciaire depuis lundi 5. Flink indique pourtant avoir tout mis en place pour atteindre une profitabilité en France. Signe de bonne santé, l’entreprise allemande avait d’ailleurs racheté il y a un an tout juste son concurrent français Cajoo.
Mais alors que la Mairie de Paris lui demande de se mettre en conformité avec la législation française, l’entreprise préfère partir du jour au lendemain plutôt que de chercher à s’adapter. Soit la réglementation s’adapte au modèle imposé soit l’entreprise décide de partir.
C’est non sans rappeler l’épisode Deliveroo en Espagne : non contente de devoir salarier l’ensemble de leurs livreurs suite à une loi votée en août 2021, l’entreprise avait décidé de se retirer du marché dès novembre de la même année.
Qu’est-il reproché à Flink ? De ne pas respecter le PLU (Plan Local d’Urbanisme). C’est simple, les locaux qu’elle occupe à Paris doivent être des commerces, pas des entrepôts logistiques. Or l’activité que Flink en fait ne peut être qualifiée de “commerce”. Et Paris, ne veut pas que sa ville devienne une “ville-entrepôt”.
Que va-t il advenir des salariés ? Qu’adviendra-t-il des salariés alors que Flink a décidé de se placer en redressement judiciaire ? Nul ne sait. Des négociations seraient engagées avec l’entreprise turque Getir, désormais le seul acteur du Quick Commerce en France. Mais l’entreprise est en pleine restructuration : elle vient de supprimer en France pas moins de 900 emplois. L’opération de rachat pourrait donc s’avérer compliquée. Sauf si l’argent coule de nouveau à flot maintenant que l’horizon est dégagé pour cet acteur.
Pour approfondir la réflexion, n’hésitez pas à lire cet article de La Tribune qui explique la nécessité de repenser le modèle du Quick Commerce pour le rendre pérenne. N’hésitez pas non plus à lire ce très bon article de La Croix “le vrai prix des courses livrées en 10min” datant de août 2022.
—> https://siecledigital.fr/2023/06/06/flink-depart-marche-francais-filiale-redressement-judiciaire/
Où en sont nos données ?
— Revu & Corrigé n°28 — juillet 2023
Temesis revient à juste titre sur ces aller-retour sans fin sur les validations et invalidations du transfert, par des entreprises américaines, de nos données aux Etats-Unis tout en respectant le cadre du RGPD. Après avoir été autorisé par l’accord Safe Harbor, puis invalidé par l’arrêt Shrems, puis de nouveau autorisé par le Privacy Shield puis invalidé par le Shrems II, sachez que le 10 juillet 2023, le Data Privacy Framework vient de nouveau de l’autoriser.
Temesis prédit un potentiel Shrems III mais invite surtout à nous tourner toujours plus vers des solutions européennes quelles que soient la législation en vigueur.
—> https://www.temesis.com/blog/accord-de-transfert-de-donnees-ue-usa-jamais-deux-sans-trois/
Sustyweb, le petit dernier des guides Sustainable Design
— Revu & Corrigé n°37 — septembre 2023
Sustyweb est produit par le W3C. Un gage de confiance indéniable pour cette version beta d’un référentiel composé de 81 bonnes pratiques pour une conception web responsable. Le tout est disponible en anglais. Thématiques traitées : Ux, Développement technique, Hébergement/infrastructure, stratégie commerciale et gestion de produits. Pour chaque principe, il est indiqué : des critères de réussite, l’impact vs. les efforts à réaliser, les bénéfices, des critères de reporting et des ressources.
Où situer ce travail par rapport aux autres référentiels ? Il est à la croisée d’un certain nombre de livrables. On peut citer les 115 bonnes pratiques d’écoconception – F. Bordage, Eyrolles, le RGESN, le GR491, le guide d’écoconception des designers éthiques et bien sûr la Checklist d’Opquast.
La partie stratégie est intéressante et se rapproche en cela du RGESN et GR491. Elle est en revanche étrangement positionnée en dernière partie alors qu’elle pourrait se constituer en socle. A titre d’exemple, quand le RGESN érige en premier principe qu’il convient de remettre en question le service s’il n’est pas utile, le W3C ne l’indique qu’en position 66. Guide présentée en version beta pour l’instant.
Saluons le travail approfondi et riche de conseils pour une conception numérique plus responsable.
—> https://w3c.github.io/sustyweb/
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